Département des lettres et langues étrangères - Module : Initiation aux textes littéraires
Les principaux mouvements littéraires
Le XVIIème siècle : 1/ Le Baroque
Mouvement artistique qui exprime la vision d’un monde instable. Apparu à la fin du XVIe siècle en Europe, ce mouvement se maintiendra pendant la première moitié du XVIIe siècle.
|
Contexte historique :
. Guerres de Religion
. Règne de Louis XII et régence d’Anne d’Autriche
. Révolte des nobles : la Fronde
Grands principes :
. Représentation de l’inconstance, de la métamorphose, du jeu des apparences
Formes et genres :
. La poésie lyrique
. Le roman précieux
. Le théâtre dans le théâtre
. Les hyperboles, antithèses, métaphores, périphrases
Thèmes dominants :
. Le mouvement, l’instabilité
. Les métamorphoses du sentiment et de la nature .
. L’illusion et les apparences
. La mort
Auteurs et œuvres :
. Poésies de Saint – Amant et de Tristan l’Hermite
. Corneille, L’illusion comique (1635)
. D’Urfé, L’Astrée (1607 -1628)
2/ Le classicisme
Idéal esthétique et humain représenté par les écrivains de la génération de 1660-1680 (seconde moitié du XVIIè siècle |
Contexte historique :
. Règne de Louis XIV
. Renforcement de la monarchie absolue
. Construction de Versailles
Grands principes :
. Imitation des Anciens sans renoncer à faire œuvre personnelle
. Recherche d’un Beau idéal, d’une vérité universelle, d’un Homme éternel, de la
mesure et de l’équilibre grâce à la raison et à un patient travail sur la langue (Texte 1)
. Recherche d’une conciliation entre « instruire » et « plaire » par un écrivain moraliste
Formes et genres :
. Théâtre : séparation des genres (comédie / tragédie) et respect des règles (unités,
vraisemblance, bienséance …)
. Fables
. Oraisons funèbres et sermons
. Roman privilégiant l’analyse
. Art du fragment souvent teinté d’ironie : pensées, maximes, portraits, lettres …
Thèmes dominants :
. Grandeurs et misères de la condition humaine confrontée au destin et au pouvoir
. Analyse des passions, des excès, et des vices humains (amour- propre, hypocrisie,
jalousie …)
. Recherche d’un idéal social et humain : l’ »honnête homme »
Auteurs et œuvres :
. Les comédies de Molière
. Les tragédies de Corneille et de Racine
. Pascal, Pensées (1670)
. La Fontaine, Fables (1668-1694)
. Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves (1678)
. La Bruyère, Les Caractères (1688)
. Boileau, Art poétique (1674, manifeste
Texte 1 Un art poétique
Il est certain esprits, dont les sombres pensées
Sont d’un nuage épais toujours embarrassées
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure,
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
[…]
Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
Et ne vous piquez point d’une folle vitesse.
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d’esprit, que peu de jugement.
J’aime mieux un ruisseau, qui sur la molle arène,
Qu’un torrent débordé qui d’un cours orageux
Roule plein de gravier sur u n terrain fangeux.
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
Polissez-le sans cesse, et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Nicolas BOILEAU, Art poétique, chant 1, v. 147-174 (1674)
Texte 2
Don Juan, « grand seigneur méchant homme », justifie devant son valet Sganarelle les raisons de sa prétendue « conversion » au Bien.
Sganarelle. – Quoi ? Vous ne croyez rien du tout, et vous voulez cependant vous ériger en homme de bien ?
Don Juan. – Et pourquoi non ? Il y en a tant d’autres comme moi, qui se mêlent de ce métier, et qui se servent du même masque pour abuser le monde !
Sganarelle. – Ah ! Quel homme ! Quel homme !
Don juan. – Il n’y a plus de honte maintenant à cela : l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d’homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages. C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée ; et quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. […] C’est sous cet abri favorable que je veux me sauver, et mettre en sûreté mes affaires. Je ne quitterai point mes douces habitudes ; mais j’aurai soin de me cacher et me divertirai à petit bruit.
MOLIERE, Dom Juan, V.2 (1665)
1533 1592 1596 1606 1621 1622 1623 1638-1639 1645 1650 1662 1673 1684 1695 1696 1699 1715
Montaigne ---------------------------
Descartes --------------------------------------------------------------------------------------------
Louis XIV ----------------------------------------------------------------------------------
Corneille ----------------------------------------------------------------------------------------------------
La Fontaine --------------------------------------------------------------------------------------
Pascal --------------------------------------------
Racine --------------------------------------------------------------------
La Bruyère ------------------------------------------
Molière ----------------------------------------------------------
Montaigne : (1533-1592) ami d’Etienne de la Boétie[1], dont la mort prématurée le laissera inconsolable. Ecrit les Essais (1572)
Descartes : (1596-1650) A la source de toute la philosophie moderne : le doute méthodique qui a pour conséquence immédiate la découverte du moi pensant.
Corneille : (1606-1684) : la tragédie cornéliènne, contrairement à la tragédie antique, n’est pas là pour nous rappeler la toute-puissance du malheur mais la grandeur glorieuse de l’homme, son héroïque capacité à vaincre le destin. (Le Cid – 1637)
La Fontaine ; (1621-1695) Les Fables (1668)
Molière : (1622- 1673) L'École des femmes (1662) ou L'Avare (1668), ainsi que des comédies-ballets comme Le Bourgeois gentilhomme en 1670 (avec Lully) ou Le malade imaginaire (avec Marc-Antoine Charpentier) en 1673, et des pièces plus élaborées approfondissant caractère et étude sociale, en vers comme Le Misanthrope (1665), Tartuffe (1664-1669), Les Femmes savantes (1672), ou en prose comme Dom Juan (1665).
Pascal : (1623-1662) Dans Les Pensées se trouve formulé son célèbre « pari » sur l’existence de Dieu.
- Teacher: belakacem belarbi
Département des lettres et langues étrangères - Module : Initiation aux textes littéraires
Les principaux mouvements littéraires
Le XVIIème siècle : 1/ Le Baroque
Mouvement artistique qui exprime la vision d’un monde instable. Apparu à la fin du XVIe siècle en Europe, ce mouvement se maintiendra pendant la première moitié du XVIIe siècle.
|
Contexte historique :
. Guerres de Religion
. Règne de Louis XII et régence d’Anne d’Autriche
. Révolte des nobles : la Fronde
Grands principes :
. Représentation de l’inconstance, de la métamorphose, du jeu des apparences
Formes et genres :
. La poésie lyrique
. Le roman précieux
. Le théâtre dans le théâtre
. Les hyperboles, antithèses, métaphores, périphrases
Thèmes dominants :
. Le mouvement, l’instabilité
. Les métamorphoses du sentiment et de la nature .
. L’illusion et les apparences
. La mort
Auteurs et œuvres :
. Poésies de Saint – Amant et de Tristan l’Hermite
. Corneille, L’illusion comique (1635)
. D’Urfé, L’Astrée (1607 -1628)
2/ Le classicisme
Idéal esthétique et humain représenté par les écrivains de la génération de 1660-1680 (seconde moitié du XVIIè siècle |
Contexte historique :
. Règne de Louis XIV
. Renforcement de la monarchie absolue
. Construction de Versailles
Grands principes :
. Imitation des Anciens sans renoncer à faire œuvre personnelle
. Recherche d’un Beau idéal, d’une vérité universelle, d’un Homme éternel, de la
mesure et de l’équilibre grâce à la raison et à un patient travail sur la langue (Texte 1)
. Recherche d’une conciliation entre « instruire » et « plaire » par un écrivain moraliste
Formes et genres :
. Théâtre : séparation des genres (comédie / tragédie) et respect des règles (unités,
vraisemblance, bienséance …)
. Fables
. Oraisons funèbres et sermons
. Roman privilégiant l’analyse
. Art du fragment souvent teinté d’ironie : pensées, maximes, portraits, lettres …
Thèmes dominants :
. Grandeurs et misères de la condition humaine confrontée au destin et au pouvoir
. Analyse des passions, des excès, et des vices humains (amour- propre, hypocrisie,
jalousie …)
. Recherche d’un idéal social et humain : l’ »honnête homme »
Auteurs et œuvres :
. Les comédies de Molière
. Les tragédies de Corneille et de Racine
. Pascal, Pensées (1670)
. La Fontaine, Fables (1668-1694)
. Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves (1678)
. La Bruyère, Les Caractères (1688)
. Boileau, Art poétique (1674, manifeste
Texte 1 Un art poétique
Il est certain esprits, dont les sombres pensées
Sont d’un nuage épais toujours embarrassées
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure,
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
[…]
Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
Et ne vous piquez point d’une folle vitesse.
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d’esprit, que peu de jugement.
J’aime mieux un ruisseau, qui sur la molle arène,
Qu’un torrent débordé qui d’un cours orageux
Roule plein de gravier sur u n terrain fangeux.
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
Polissez-le sans cesse, et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Nicolas BOILEAU, Art poétique, chant 1, v. 147-174 (1674)
Texte 2
Don Juan, « grand seigneur méchant homme », justifie devant son valet Sganarelle les raisons de sa prétendue « conversion » au Bien.
Sganarelle. – Quoi ? Vous ne croyez rien du tout, et vous voulez cependant vous ériger en homme de bien ?
Don Juan. – Et pourquoi non ? Il y en a tant d’autres comme moi, qui se mêlent de ce métier, et qui se servent du même masque pour abuser le monde !
Sganarelle. – Ah ! Quel homme ! Quel homme !
Don juan. – Il n’y a plus de honte maintenant à cela : l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d’homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages. C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée ; et quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. […] C’est sous cet abri favorable que je veux me sauver, et mettre en sûreté mes affaires. Je ne quitterai point mes douces habitudes ; mais j’aurai soin de me cacher et me divertirai à petit bruit.
MOLIERE, Dom Juan, V.2 (1665)
1533 1592 1596 1606 1621 1622 1623 1638-1639 1645 1650 1662 1673 1684 1695 1696 1699 1715
Montaigne ---------------------------
Descartes --------------------------------------------------------------------------------------------
Louis XIV ----------------------------------------------------------------------------------
Corneille ----------------------------------------------------------------------------------------------------
La Fontaine --------------------------------------------------------------------------------------
Pascal --------------------------------------------
Racine --------------------------------------------------------------------
La Bruyère ------------------------------------------
Molière ----------------------------------------------------------
Montaigne : (1533-1592) ami d’Etienne de la Boétie[1], dont la mort prématurée le laissera inconsolable. Ecrit les Essais (1572)
Descartes : (1596-1650) A la source de toute la philosophie moderne : le doute méthodique qui a pour conséquence immédiate la découverte du moi pensant.
Corneille : (1606-1684) : la tragédie cornéliènne, contrairement à la tragédie antique, n’est pas là pour nous rappeler la toute-puissance du malheur mais la grandeur glorieuse de l’homme, son héroïque capacité à vaincre le destin. (Le Cid – 1637)
La Fontaine ; (1621-1695) Les Fables (1668)
Molière : (1622- 1673) L'École des femmes (1662) ou L'Avare (1668), ainsi que des comédies-ballets comme Le Bourgeois gentilhomme en 1670 (avec Lully) ou Le malade imaginaire (avec Marc-Antoine Charpentier) en 1673, et des pièces plus élaborées approfondissant caractère et étude sociale, en vers comme Le Misanthrope (1665), Tartuffe (1664-1669), Les Femmes savantes (1672), ou en prose comme Dom Juan (1665).
Pascal : (1623-1662) Dans Les Pensées se trouve formulé son célèbre « pari » sur l’existence de Dieu.
- Teacher: belakacem belarbi